Recyclage, réemploi, économie circulaire… autant de termes souvent utilisés aujourd’hui mais que nous avons encore un peu de mal à appliquer à certains secteurs. Le monde automobile en premier. Si bon nombre d’entre nous jugent la démarche tout à fait louable et absolument nécessaire, nous sommes encore frileux à l’idée, par exemple, d’installer sur nos véhicules des pneus d’occasion, encore trop souvent synonymes de moindre qualité dans l’imaginaire collectif. Et pourtant, le recyclage du caoutchouc en général a bel et bien un avenir radieux devant lui. Explications.
Article de source: Fokus Online
Cela fait maintenant longtemps que le recyclage de nos déchets domestiques est bien intégré dans nos routines quotidiennes. Mais qu’en est-il des autres déchets ? Ceux dont on n’imagine pas les implications si on les abandonnait trop longtemps dans la nature ? À cet égard, le cas du caoutchouc est emblématique. Ce matériau est utilisé pour bon nombre de produits courant, à commencer par les pneus de nos voitures, mais on sait mal ce qu’il devient lorsqu’il est usé et inutilisable. Chris Lorquet, CEO de l’ASBL Recytyre, précise : « Aujourd’hui, ce sont pas moins de 6 millions de pneus usés par an que la Belgique doit collecter et traiter. Alors pour éviter les dépôts clandestins très fréquents avant les années 2000, ou l’incinération de la totalité de ces pneus, il faut recycler et réutiliser le caoutchouc comme matière première secondaire dans les applications ferroviaires, l’isolation ou des matériaux antivibratoires ». Mais si la mission semble évidente, le recyclage des pneus de véhicule n’est pas si simple pour autant.
Recyclage ou réemploi ?
Lorsqu’un pneu est usé, sa vie n’est pas pour autant terminée. Il existe plusieurs types de revalorisation du produit. Le réemploi d’abord. En effet, s’il n’est pas trop abîmé, le remettre en circuit de vente via des marchands spécialisés dans l’occasion. Dans le domaine du poids-lourd, on parle plutôt de rechapage : l’idée est d’ôter la bande de roulement usagée du pneu pour en mettre une nouvelle si la carcasse est toujours saine. Le recylage notamment par granulation ensuite axé sur le matériau lui-même. Et, si toutes ces options ne sont plus possibles, opter pour l’incinération pour utiliser son pouvoir calorifique et économiser ainsi de l’énergie.
Un constat qui pousse à s’interroger sur le mode de conception des pneus et sur les solutions envisageables pour améliorer la circularité de la matière.
Écoconception et sensibilisation
Aujourd’hui, les préoccupations climatiques poussent de plus en plus les concepteurs à imaginer leur produit différemment. Car si le recyclage et le réemploi sont des techniques approuvées et largement utilisées pour réduire nos empreintes carbones, la base de l’écodesign est bel et bien d’allonger la durée de vie du produit avant de réfléchir aux solutions pour le réutiliser une fois qu’il est usé.
Heureusement, des solutions intéressantes se mettent doucement en place pour imaginer les pneus de demain, qui seront peut-être inusables, peut-être rechapables, ou peut-être encore mis en location selon notre nombre de kilomètre à l’année. Bref, un bel avenir pour la réutilisation d’un caoutchouc usagé, mais aussi de nombreux défis en perspective. Car comme l’explique Chris Lorquet, « mettre sur pied de nouvelles solutions écoconçues est un premier pas de géant. Il faudra ensuite s’inquiéter de la réutilisation de nos matériaux de réemploi ainsi que de la capture des microplastiques laissés par les pneus usés sur la route ou ses abords. Deux gros défis majeurs qui, j’en suis sûre, motivent déjà bon nombre de concepteurs aujourd’hui ! »