Menace d’une situation de crise sur l’industrie en raison des nouvelles règles européennes sur les exportations de déchets plastiques   


La Belgique doit se préparer d’urgence à l’interdiction d’exporter des déchets plastiques vers les pays non-membres de l’OCDE.

Valipac, l’organisme de gestion des emballages industriels, met en garde contre l’impact des nouvelles règles environnementales de l’UE. Le règlement européen sur les transferts de déchets, récemment adopté, interdit à terme l’exportation de déchets plastiques vers les pays non-membres de l’OCDE. Cette mesure expose le marché du tri, de la collecte et du recyclage des emballages en plastique à un risque imminent d’effondrement. Rien qu’en Belgique, nous utilisons annuellement 100 000 tonnes d’emballages industriels en plastique, dont environ 24 000 tonnes sont actuellement recyclées en dehors de la zone OCDE, dans des installations de recyclage sous le contrôle de Valipac. Toutefois, les exportations en provenance d’autres pays de l’Union européenne hors OCDE, qui dépassent largement celles de la Belgique, ne font actuellement l’objet d’aucune identification, enregistrement ni contrôle, compromettant ainsi la garantie du processus de recyclage.

L’Europe a conclu un accord sur des règles plus strictes qui limitent considérablement l’exportation de déchets plastiques. À partir de janvier 2028, les exportations de déchets plastiques vers des pays non-membres de l’OCDE seront interdites.   

Bien que la nouvelle réglementation prévoie une période de transition sur plusieurs années, les exportations vers ces pays seront ultimement proscrites, obligeant notre industrie à assumer la responsabilité du traitement et du recyclage des déchets plastiques. Cette avancée marque une étape cruciale vers une économie circulaire. Toutefois, l’insuffisance actuelle de la capacité de recyclage en Europe engendre une incertitude préoccupante au sein du marché européen du recyclage. La transition vers le recyclage des déchets plastiques industriels au sein de l’UE exigera ainsi des efforts considérables de la part de l’industrie .

Contrôle du recyclage effectif 

Pendant cette phase de transition, les exportations vers des pays non-membres de l’OCDE nécessiteront un strict contrôle. Valipac a déjà établi un système de traçabilité des déchets d’emballages industriels en plastique, qui, en collaboration avec des bureaux d’audit indépendants à l’étranger, assure la surveillance du recyclage effectif des déchets plastiques tout en veillant au respect des normes environnementales, sanitaires et de sécurité. Valipac préconise l’adoption généralisée de cette traçabilité et d’un contrôle rigoureux des conditions de recyclage en dehors de l’OCDE par tous les membres de l’Union européenne. Actuellement, seule la Belgique met en œuvre de tels contrôles. Or, 400 000 tonnes de déchets plastiques provenant d’autres pays de l’UE transitent par le seul port d’Anvers vers des destinations non-membres de l’OCDE, sans bénéficier de traçabilité ni de contrôle 

« Notre industrie est confrontée à un double défi. D’une part, il est impératif d’augmenter considérablement la capacité de recyclage sur notre marché intérieur et de renforcer les opportunités au sein de l’UE, conditions sine qua non pour instaurer une économie circulaire locale. D’autre part, il est crucial de mettre en place un contrôle strict sur les exportations actuelles de déchets plastiques en dehors de l’OCDE, ce afin de préserver l’environnement, la sécurité et les droits de l’homme dans les pays de destination», déclare Francis Huysman, Managing Director de Valipac. 

Collaboration et investissements accélérés 

Actuellement, le coût des emballages en plastique vierge en Europe n’est pas compétitif par rapport à celui des emballages en plastique recyclé. En conséquence, les déchets plastiques européens sont largement exportés pour être recyclés en produits secondaires tels que les sacs poubelles. Parallèlement, la demande de déchets plastiques recyclés demeure faible au sein de l’UE, entraînant une capacité de recyclage limitée. Il est impératif de remédier à cette situation de manière urgente, car en l’absence d’une accélération des mesures visant à mettre en œuvre les nouvelles règles, le marché des déchets d’emballages plastiques risque de subir un effondrement. Cette menace découle principalement du manque de demande et de débouchés en Europe, ainsi que de l’interdiction des exportations vers les pays non-membres de l’OCDE. 

Cette conjoncture entraînera une augmentation des coûts liés à la collecte et au traitement des déchets d’emballages industriels en plastique, réduisant ainsi l’incitation à la collecte sélective de ce matériau. De plus, la matière recyclée rencontrera des difficultés à trouver des destinations appropriées. Par conséquent, la nouvelle réglementation risque de compromettre la progression vers une économie circulaire à court terme plutôt que de la favoriser. Il est impératif d’agir rapidement pour éviter ces conséquences néfastes. 

« Les défis auxquels notre industrie est confrontée en raison des nouvelles règles nécessitent une approche à l’échelle de l’UE. Valipac a déjà pris des mesures significatives dans la bonne direction. Afin de promouvoir l’utilisation de matière recyclée dans les emballages industriels, nous avons mis en place un catalogue numérique dédié aux emballages industriels en plastique intégrant des matières recyclées (myRecycledContent.be). Ce catalogue facilite la mise en relation entre les fournisseurs et les utilisateurs. Valipac incite les entreprises à opter pour des emballages plastiques composés d’au moins 30 % de matière recyclée en leur accordant un avantage financier. Pour concrétiser une chaîne de valeur circulaire et stimuler le recyclage en Europe, il est impératif que l’industrie investisse massivement dans l’utilisation de matières recyclées. Cette démarche requiert une collaboration étroite entre les organisations de Responsabilité Élargie des Producteurs (REP) des différents pays et d’importants investissements dans le développement de processus et d’installations de recyclage au sein de l’UE. Valipac serait ravie de partager son expérience et de contribuer à cette initiative de coopération à grande échelle », conclut Francis Huysman.